La mode peut-elle vraiment être green ?

Alors que les polémiques sur le Black Friday vont bon train, que les marques de fast-fashion ne semblent pas ralentir la cadence de production et que l’écologie est au coeur du débat… la question d’une mode 100% green se pose.
Nous n’avions pas besoin du coronavirus pour nous demander jusqu’où on en était arrivé avec les excès de l’actuel système de la mode. Les questionnements que se posait la mode depuis quelque temps sont plus que jamais d’actualité.

Classée deuxième industrie la plus polluante au monde après celle du pétrole, la mode a, pendant très longtemps, ignoré les contraintes écologiques pour favoriser le rendement et le profit. La mode est responsable de 8 à 10% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde; 1/5 de la pollution des eaux est de source industrielle; 35% des micro plastiques rejetés dans les océans le sont après lavage de nos textiles; 65% des tissus se composent de fibres synthétiques non renouvelables et non biodégradables.

Heureusement, depuis quelques années, les maisons essaient de se racheter une conduite tournant le dos au gaspillage, aux substances chimiques et parfois même à la surproduction de certaines matières premières comme le coton. Les raisons de ces changements ?

  • Le poids du scandale : l ’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh; l’accusation de Burberry d’avoir brûlé plus de 30M € d’invendus brûlés par Burberry; des forêts de chênes et de peupliers brûlés par Chanel pour un défilé de 10mn
  • Les questions de réchauffement climatique et de respect de l’environnement par lesquelles les maisons se sentent de plus en plus concernées.

Est-ce que cela a encore un sens de déplacer 1 500 personnes d’un bout à l’autre du globe pour assister à un défilé de 15 minutes ?

De leur côté, les marques de fast-fashion doivent encore faire du chemin pour calmer leur surproduction et mettre en place un véritable processus de recyclage.

Face au matraquage médiatique sur l’écologie, les consommateurs adaptent également leurs habitudes de consommation en adhérant aux nouvelles offres du marché :

  • Vêtements de seconde main : vestiaire collective, videdressing ou Vinted le chemin; friperies en centres ville
  • Vêtements upcyclés, réalisés avec des chutes de matières, vêtements usés ou invendus : H & M, North Face, Other Stories proposent des bons de réductions à leurs clients qui rapportent leurs vieux vêtements et linges de maison.

Les fourrures sont de plus en plus bannies des collections.

vinted écoresponsable
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La mode circulaire, toutes les marques s’y mettent.

Si 1% seulement des matériaux qui servent à fabriquer nos vêtements sont recyclés pour en faire de nouveaux, si les nouvelles matières se révèlent encore trop onéreuses, d’autres pistes novatrices sont explorées. Les initiatives sont bien là : textiles bio inspirés ou luminescents, matières à bases de bactéries, levures, thé et bières fermentées ou même cheveux coupés, polymères à base d’algues… tout y passe.

  • ORANGE FIBER produit un fil à partir d’écorces et sous-produits de la production de jus d’agrumes, largement répandue en méditérarnée.
  • BANANATEX est un textile à base d’Abacà; issu d’une variété de bananier mais cultivé pour sa fibre ou chanvre de Manille. Transformée en papier, elle se métamorphose en fil à tisser pour devenir in fine un tissu à la fois souple et solide.
  • ANANAS ANOM voulait donner une seconde vie aux déchet, en l’occurence les feuilles d’ananas, également issus de plants philippins. Résultat : PINATEX, flexible, accessible, solide, déperlant, relativement durable
  • FRUIT LEATHER récolte les restes de fruits sur les marchés pour les transformer en une matière s’approchant du cuir.
mode ecoresponsable
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Concrètement ? le sujet n’est plus une mode mais bien une tendance qui transforme toute l’industrie de la mode, des matériaux utilisés jusqu’à la distribution des produits finis. Toute la chaîne est impactée.

  • Les salons professionnels ne sont pas en reste, en proposant des espaces dédiés à l’éco-responsabilité où sont regroupés exposants et conférenciers qui adressent le sujet (cf. WHO’S NEXT et PREMIÈRE VISION)
  • Les grandes marques et marques de créateurs qui ont une démarche éco-responsable ne sont plus des cas isolés :

Et ce n’est pas fini : Adidas annonce une chaussure de course Futurecaft.loop 100% recyclable d’ADIDAS qui sera commercialisée au printemps 2021 …

tennis adidas
Le matériau unique utilisé pour la chaussure Futurecraft.loop est le TPU, un polyuréthane thermoplastique.
tennis adidas
La tige et la semelle de la chaussure Futurecraft.loop sont soudées ensemble sans colle
Mais à l’heure d’Amazone où le consommateur peut avoir tout, tout de suite et moins cher, dans quelle mesure ce même consommateur est-il véritablement prêt à payer plus cher et à attendre plus longtemps pour un produit éco-responsable ?

La mode responsable, on en rêve tous 🙂

Chez DALZOTTO, le sujet est au coeur de nos préocupations. Nous ne vous cachons pas que ce n’est pas tous les jours faciles. Nous devons faire des compromis entre les matières et coloris que proposent les fournisseurs et les attentes des consommateurs, eux même tiraillés entre vouloir consommer mieux sans pour autant faire de concession côté choix, délais de production et tarif.

La transformation est en route mais le chemin est encore long. A suivre dans un prochain article : comment se repérer dans une mode où labels et normes se multiplient ?